Économie

Économie

En 2010, le produit intérieur brut (PIB) de la Tunisie atteint 57,17 milliards de dinars (39,58 milliards de dollars) soit une hausse de 7 % par rapport à 2009. En 1960, celui-ci ne se montait qu'à 847 millions de dollars, passant à 1,581 milliard en 1970, 8,634 milliards en 1980, 12,875 milliards en 1990 et 21,254 milliards en 1999. Quant à la population active, elle atteint 3,769 millions de personnes en 2010 mais la population active occupée totalise 3,277 millions de personnes, dont près de 30 % de femmes, ce qui représente tout de même plus du double du niveau de 1980.

D'après un rapport de la Banque mondiale paru en 2014, une grande partie des réglementations adoptées par le gouvernement sous la présidence de Zine el-Abidine Ben Ali visait à favoriser un cercle d'entrepreneurs proche du pouvoir. Après la chute de son régime, une commission d'enquête est mise en place et dresse une liste de 114 personnes, dont Ben Ali, ses apparentés et ses gendres, ayant bénéficié de cette corruption institutionnalisée. Les biens saisis comprennent quelque 550 propriétés, 48 bateaux et yachts, 40 portefeuilles d'actions et d'obligations, 367 comptes en banques et environ 400 entreprises. Les experts de la commission évaluent à 13 milliards de dollars la valeur de l'ensemble, soit plus d'un quart du PIB de la Tunisie en 2011.

La révolution de 2011 qui renverse Ben Ali a des conséquences désastreuses sur l'économie du pays. Les attentats islamistes ont touché le tourisme qui représentait près de 7 % du PIB national. Avec une croissance économique quasi nulle, le pays est proche de la récession et connaît un spectaculaire envol de sa dette qui atteint 60 % du PIB.

À la proclamation de l'indépendance en 1956, le pays ne dispose pas des atouts de ses voisins maghrébins : terres agricoles moins productives, infrastructure portuaire moins développée, marché intérieur étriqué, épargne faible et écornée par l'émigration des populations d'origine européenne et relations avec les milieux d'affaires français réduits, chômage élevé et équipement industriel embryonnaire.

La priorité établie par le nouveau président Habib Bourguiba est alors de libérer l'économie nationale du contrôle français qui avait favorisé l'agriculture et l'extraction minérale, mais avait, en grande partie, négligé l'industrie, la Tunisie étant alors le pays le moins industrialisé du Maghreb.

Dans ce contexte, l'importance croissante de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) dans les choix économiques par l'action de son secrétaire général, Ahmed Ben Salah, mène le pays vers l'adoption de mesures collectivistes dans l'économie. L'expérience coopérative dure jusqu'en septembre 1969 lorsque Bourguiba suspend Ben Salah de ses fonctions à la suite de la parution d'un rapport confidentiel de la Banque mondiale sur le déficit des entreprises publiques et aux pressions de l'aile pragmatique du parti. Avec l'arrivée d'Hédi Nouira, pragmatique gouverneur de la Banque centrale hostile au collectivisme, au ministère de l'Économie puis au Premier ministère, la Tunisie se réoriente vers l'économie de marché et la propriété privée. Durant la décennie des années 1970, la Tunisie connaît une expansion du secteur privé et un développement rapide de l'emploi manufacturier. Cette timide ouverture permet la création de nouveaux emplois et, par conséquent, le développement d'une meilleure mobilité sociale de la jeunesse nouvellement instruite et la croissance d'une classe moyenne.

En 1986, la Tunisie connaît toutefois sa première année de croissance négative depuis son indépendance. Les agitations sociales augmentent de façon dramatique pendant cette période et l'UGTT, qui critique ouvertement la politique économique adoptée par le gouvernement, organise des grèves et des manifestations contre l'augmentation du chômage et la politique salariale.

Le gouvernement se met alors d'accord avec le Fonds monétaire international sur la mise en place d'un programme de reprise économique sur 18 mois. L'objectif principal du plan est d'accroître l'efficacité et de promouvoir les mécanismes du marché. En même temps, il est conçu pour surmonter les conséquences sociales et politiques de ses mesures. Les dépenses publiques sont concentrées aux secteurs de la santé, de l'éducation, du logement et des services. Le gouvernement ne lance cependant pas de véritables programmes avant 1987.

La privatisation se traduit dans un premier temps par la vente de petites et moyennes entreprises avec un bon historique bancaire à des acheteurs tunisiens présélectionnés. Depuis le lancement du nouveau programme de privatisation en 1987, le gouvernement a totalement ou partiellement privatisé 203 entreprises, dont de grands établissements publics tel Tunisie Télécom, pour une recette globale de 5 557 millions de dinars.

De plus, la non préparation de plusieurs secteurs à l'ouverture a conduit au maintien d'un niveau de chômage élevé et variant selon les sources de 13 % à 20 %. Pourtant, le chômage ne touche pas que les populations les plus vulnérables : le taux de chômage des diplômés de l'enseignement supérieur est ainsi en augmentation depuis plusieurs années. Alors qu'il était de 4 % en 1997 et de 0,7 % en 1984, il atteint 20 % contre une moyenne nationale de 14 %, voire près de 60 % dans certaines filières selon une enquête de la Banque mondiale. En 1959, le pays prend ses premiers contacts avec la Communauté économique européenne. En juillet 1966, le président Bourguiba effectue une tournée en Europe et aboutit au lancement de négociations qui conduisent à la signature d'un premier accord commercial le 28 juillet 1969 à Tunis.

À partir des années 1970, positionnée sur des secteurs où sa compétitivité s'est érodée, tels que le textile, la Tunisie se lance dans le moins-disant social pour maintenir ses positions, en pratiquant un régime d'incitations fiscales dont des investisseurs ont su tirer profit en accroissant la précarité de leurs salariés. Le tourisme entame également une course au rabais, au détriment de la qualité. Sous la présidence de Zine el-Abidine Ben Ali, les banques publiques ont pour consigne de ne pas exiger le remboursement de leurs créances afin de maintenir à flot ce secteur et de préserver les intérêts des clans proches du pouvoir, propriétaires des hôtels. La libéralisation de l'économie est engagée dans les années 1980. souvent en faveur des réseaux proches du gouvernement : « Les privatisations ont été un lieu unique de prédation des « clans », mais aussi de distribution d'avantages et de rentes pour la bourgeoisie traditionnelle », souligne le Réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme en 2011.

Un accord d'association est finalement signé avec l'Union européenne le 17 juillet 1995 et entre en vigueur le 1er mars 1998 pour engendrer dès 1996 le démantèlement progressif des barrières douanières jusqu'au 1er janvier 2008.

Depuis l'indépendance de la Tunisie, l'agriculture a enregistré des taux de croissance importants et a permis au pays d'atteindre un niveau de sécurité alimentaire suffisant. En dépit du développement des autres secteurs de l'économie nationale, l'agriculture conserve une importance sociale et économique : elle assure environ 12,3 % du PIB et emploie 16,3 % de la main-d'œuvre en 2006. Les principales productions agricoles sont les céréales (blé et orge), les olives (2e producteur et 3e exportateur mondial d'huile d'olive en 2007-2008), les dattes, les agrumes et les produits de la mer.

Si la gestion de l'agriculture appartient encore à des établissements publics, tels l'Office des céréales ou l'Office national de l'huile, le secteur agricole est de plus en plus pris en charge par des groupes privés souvent présents dans l'industrie agroalimentaire tel le groupe Poulina, le premier groupe privé du pays.

Industrie

En matière industrielle, la Tunisie est le premier exportateur d'Afrique en valeur absolue : elle est ainsi passée devant l'Afrique du Sud en 1999. Les secteurs du textile et de l'agroalimentaire représentent 50 % de la production et 60 % de l'emploi de l'industrie manufacturière. Mais, après avoir cru à un rythme annuel de 2,1 % (entre 2000 et 2005), l'industrie tunisienne fait aujourd'hui face à la concurrence étrangère. Toutefois, les exportations de produits mécaniques et électriques se sont multipliées par cinq entre 1995 et 2005. Quatrième fournisseur de l'Union européenne en produits textiles, elle était jusqu'en 2002 le premier fournisseur de la France avant d'être surclassée par la Chine en 2003. La révolution de 2011 qui renverse Ben Ali a des conséquences désastreuses sur l'économie du pays. Les attentats islamistes ont touché le tourisme qui représentait près de 7 % du PIB national. Avec une croissance économique quasi nulle, le pays est proche de la récession et connaît un spectaculaire envol de sa dette qui atteint 60 % du PIB.

Services

Dans le secteur des services, le développement du tourisme remonte aux années 1960 grâce à l'action conjuguée de l'État et de groupes privés. Le secteur touristique représente 6,5 % du PIB et fournit 340 000 emplois dont 85 000 emplois directs, soit 11,5 % de la population active occupée avec une forte part d'emploi saisonnier. Outre le tourisme balnéaire majoritaire, le tourisme saharien (Douz et Tozeur attirant chaque année plus de 250 000 touristes durant toute l'année) est en fort développement. Plus récemment, le tourisme vert, la thalassothérapie et le tourisme médical sont apparus et croissent très rapidement.

Le secteur du commerce et de la distribution, qui emploie plus de 500 000 personnes et participe à 10,7 % du PIB national, se divise en deux catégories. Ainsi, le secteur se caractérise encore par la prédominance du commerce traditionnel avec 88 % (2006) du chiffre d'affaires, l'essentiel des transactions commerciales étant réalisé par de petits commerçants. La distribution moderne, qui compte pour 12 % du chiffre d'affaires global et regroupe des enseignes nationales et internationales, n'est apparue que lorsque le marché s'est libéralisé en 1999.

Infrastructures

En matière de transport, la Tunisie compte aujourd'hui sept ports de commerce (Radès, Sfax, Bizerte, Gabès, Sousse, Zarzis et La Goulette) tandis qu'un port en eaux profondes va être réalisé à Enfida. Placés sous la gestion de l'Office de la marine marchande et des ports, ils assurent à eux seuls 96 % du commerce extérieur tunisien. Avec ses 550 000 passagers et ses 415 000 croisiéristes enregistrés en 2004, le port de La Goulette est l'une des destinations les plus appréciées dans l'ouest du bassin méditerranéen. La Compagnie tunisienne de navigation, société publique, est le principal armateur du pays et assure des lignes régulières reliant les deux rives de la mer Méditerranée (vers Marseille, Gênes, Livourne et Barcelone).

Le pays compte également 32 aéroports dont huit aéroports internationaux (Tunis-Carthage, Monastir-Habib Bourguiba, Djerba-Zarzis, Enfidha-Hammamet, Tozeur-Nefta, Sfax-Thyna, Tabarka-Aïn Draham et Gafsa-Ksar). En 2005, 39,2 % du trafic s'effectue par l'aéroport international de Tunis-Carthage.

Le transport ferroviaire assure plus du tiers des déplacements nationaux à travers un réseau national de 2 167 kilomètres de voies ferrées. Le réseau est exploité par la Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) ainsi que par la Société des transports de Tunis spécialisée dans le transport urbain dans la région de Tunis.

Le réseau routier s'étend pour sa part sur 19 300 kilomètres dont 12 655 kilomètres de routes goudronnées ainsi que de trois autoroutes reliant Tunis à Sfax au sud, Bizerte au nord et Oued Zarga à l'ouest. Le secteur du transport routier domine les transports terrestres de voyageurs et de marchandises. Il est néanmoins contrôlé par les sociétés étrangères à cause du petit nombre d'entreprises tunisiennes.

Les infrastructures de télécommunications sont largement développées : le réseau téléphonique compte environ sept millions d'abonnés en 2006 dont six millions d'abonnés mobiles et environ 12,5 % de la population a accès à Internet en février 2007. L'opérateur public, Tunisie Télécom, a longtemps été le seul fournisseur de la téléphonie fixe alors que trois opérateurs se partagent à ce jour le marché de la téléphonie mobile : Tunisie Télécom, Ooredoo et Orange Tunisie.

L'Agence tunisienne d'Internet gère le réseau Web au plan national qui compte douze fournisseurs d'accès (sept publics et cinq privés). Par ailleurs, 281 publinets (accès publics à Internet) sont répartis sur l'ensemble du territoire.

Énergie

Les ressources naturelles de la Tunisie sont modestes si on les compare à celles de ses voisines : l'Algérie et la Libye. Le secteur de l'industrie est le premier consommateur d'énergie, avec une part de 36 % de la consommation globale, suivi par le secteur du transport avec 30 % de la consommation totale.

Le phosphate est extrait par la Compagnie des phosphates de Gafsa dans plusieurs gisements situés dans le centre du pays et en particulier dans la région de Gafsa. 15 % du phosphate produit sont vendus à l'état brut et 85 % sont transformés par le Groupe chimique tunisien. En 1999, la Tunisie était le cinquième producteur mondial de phosphate avec 5,5 % du total mondial.

Selon les estimations, la Tunisie possède des réserves prouvées de pétrole brut estimées à 425 millions de barils en janvier 2015. La majorité est située dans le golfe de Gabès et le bassin de Ghadamès dans le sud du pays. Le pays produit près de 55 000 barils de pétrole brut par jour en 2015, dont la majorité provient de seulement six concessions (Adam, Ashtart, Didon, El Borma, Miskar et Oued Zar) ne parvient pas à couvrir la demande locale, qui se monte à 86 000 barils par jour en 2013. Le secteur est dominé par une société publique, l'Entreprise tunisienne d'activités pétrolières dont la mission est de gérer les activités d'exploration et de production de pétrole mais aussi de gaz naturel pour le compte du gouvernement.

 

Face aux limites de sa production pétrolière, le pays se tourne de plus en plus vers le gaz naturel pour couvrir sa demande en énergie. Le pays dispose de réserves prouvées de 65,13 milliards de pieds cubes en 2014 dont deux-tiers sont offshore.

En 2013, le pays produit 1,879 milliard de pieds cubes tout en consommant 4,079 milliards de pieds cubes durant la même année5. 60 % de la production provient des gisements exploités par British Gas, le plus important investisseur énergétique en Tunisie, à Miskar et Hasdrubal. Les entreprises tunisiennes constituent 19 % du marché de l'exploration et de la production du pays. L'ETAP gère les réserves nationales et agit en tant que partenaire principal dans presque toutes les activités d'exploration et de production car elle détient 51 % de toutes les concessions. Mais ce sont les entreprises américaines qui dominent avec 38 % du marché, suivi par les entreprises européennes avec 19 %, canadiennes avec 12 % et asiatiques avec 10 %.

La grande majorité de l'électricité du pays, gérée par la Société tunisienne de l'électricité et du gaz, est produite à base d'énergies fossiles (95,9 % de la capacité totale), le résidu étant produit à partir d'énergie hydroélectrique et éolienne. Le pays dispose en 2012 d'une capacité totale de 16,9 milliards de kWh alors que la consommation atteint 13,31 milliards de kWh. Dans le même temps, le gouvernement cherche à développer les énergies renouvelables.

Culture

La culture de la Tunisie se diversifie par un héritage de quelque 3 000 ans d'histoire et une position géographique en plein bassin méditerranéen, berceau des civilisations les plus prestigieuses et des principales religions monothéistes. La Tunisie a en effet été un carrefour de civilisations et sa culture reflète les traces des cultures punique, arabe, turque, africaine, européenne et musulmane ainsi que l'influence des dynasties successives qui ont régné sur le pays.

Media

Le paysage audiovisuel tunisien se compose de deux chaînes de télévision publiques (Télévision tunisienne 1 et Télévision tunisienne 2) ainsi que de chaînes de télévision privées nées du processus d'ouverture au secteur privé initié en 2003 et dont le nombre est renforcé après la révolution de 2011 : Zitouna TV, Al Mutawasit TV, Al Janoubiya TV, Al Qalam TV, Hannibal TV, El Hiwar El Tounsi, Nessma, Tunisna TV, Attessia TV ou encore TWT.

Il existe également de nombreuses stations de radio publiques, qu'elles soient nationales (Radio Tunis, Radio Tunisie Culture, Radio Jeunes et RTCI) ou régionales (Radio Gafsa, Radio Le Kef, Radio Monastir, Radio Sfax et Radio Tataouine), de même que privées (Radio 6, Cap FM, Chaambi FM, Express FM, IFM, Jawhara FM, Radio Kalima, Radio Al Karama, Kif FM, Mosaïque FM, Oasis FM, Oxygène FM, Sabra FM, Shems FM, Sawt Al Manajem, Ulysse FM).

La presse écrite connaît, sous les régimes autoritaires des présidents Habib Bourguiba puis Zine el-Abidine Ben Ali, des périodes de libéralisation puis de censure. La révolution constitue un tournant, avec l'autorisation donnée à près de 200 nouveaux journaux et revues de paraître. Les partis politiques tunisiens ont le droit de publier leurs propres journaux mais ceux des partis d'opposition n'ont longtemps eu qu'un tirage très limité.

Fêtes et jours fériés

Date (calendrier grégorien) Nom français Nom local Commémoration
1er janvier Nouvel an رأس العام
14 janvier Fête de la Révolution et de la Jeunesse عيد الثورة و الشباب Renversement du président Zine el-Abidine Ben Ali durant la révolution (2011)
20 mars Fête de l'Indépendance عيد الإستقلال Avènement de l'indépendance (1956)
9 avril Journée des Martyrs عيد الشهداء Répression de manifestations nationalistes par les troupes françaises (1938)
1er mai Fête du Travail عيد الشغل
25 juillet Fête de la République عيد الجمهورية Proclamation de la république (1957)
13 août Fête de la Femme et de la Famille عيد المرأة Promulgation du Code du statut personnel (1956)
15 octobre Fête de l'Évacuation عيد الجلاء Départ des dernières troupes françaises de la base de Bizerte (1963)
Date (calendrier musulman) Nom français Nom local Commémoration
1er mouharram Ras el-Am el-Hijri (Nouvel an de l'hégire) رأس العام الهجري Nouvel an
12 rabia al awal Mouled المولد النبوي Anniversaire de la naissance de Mahomet
1er chawwal Aïd el-Fitr ou Aïd el-Saghir (Fête de la rupture du jeûne ou Petite fête) العيد الصغير ou عيد الفطر Fin du mois de ramadan
10 dhou al-hijja Aïd al-Adha (Grande fête ou Fête du sacrifice) العيد الكبير ou عيد الأضحى Sacrifice d'Abraham